Romans 8-12 ans

« C’est la rentrée, à l’école Antoine de Saint-Exupéry. Rosalie, 9 ans, fait son entrée en CM2. Après un été riche en émotion, avec l’arrivée de Malo, son petit frère. La vie semble radieuse pour la fillette. Mais, que se passe-t-il réellement derrière les murs de son domicile…

Malchance ou malveillance ? Rosalie est-elle réellement en danger ? Arthur, son meilleur ami, peut-il comprendre la situation et l’aider ? »

Rosalie est mon premier roman. Il a pour thème les violences physiques et psychologiques, sur les enfants dans le cercle intrafamilial. Il est écrit de manière à pouvoir être lu à partir de 9 ans, en lecture non accompagnée.

Début du livre

Chapitre 1

Ce jour-là, c’était la rentrée, à l’école Antoine de Saint-Exupéry. Dans la grande cour, les familles se croisaient dans un balai fébrile, pas encore bien rodé. La plupart des élèves étaient joyeux à l’idée de retrouver leurs camarades. Pour d’autres, quelques larmes venaient perturber ce moment. Moi, j’avais mes deux parents pour m’accompagner, alors j’étais heureux. Selon maman, « c’était une année importante le CM2, car elle devait me préparer au collège ». Moi, j’étais surtout pressé de retrouver mes copains et Rosalie. C’était la plus jolie fille de l’école et je l’aimais depuis la petite section, mais je n’osais pas lui dire.

Alors, chut ! C’est un secret. En fait, je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Arthur, j’ai neuf ans et je vais entrer en CM2. J’habite dans une petite ville de l’Ouest de la France, en bord de mer. Mon papa s’appelle Laurent et ma maman Sophie. Ils servent les meilleurs menus de la ville. Ils travaillent beaucoup, mais l’avantage, c’est que nous habitons au-dessus du restaurant alors on n’est jamais séparé ; souvent j’aide maman en salle à accueillir les clients. A l’étage, nous avons une belle vue sur la plage des « Sirènes » et sur le port. Moi, j’adore contempler la mer pendant des heures, confortablement installé sur mon lit.

- Bonjour Arthur, me salua ma maîtresse, me sortant de mes pensées. Bonjour, dit-elle à mes parents qui lui rendirent la politesse.

-Euh… Bonjour madame Lucie, lui répondis-je poliment.

- Alors, tu as passé de bonnes vacances ? J’espère que tu es en pleine forme pour débuter cette nouvelle année avec moi ?

- Oui, j’ai passé de superbes vacances, annonçai-je timidement. Et je suis pressé de retrouver mes copains.

- Parfait, me dit-elle. Tu peux entrer t’installer. Je t’ai mis au milieu de la deuxième rangée en partant de mon bureau. Tu seras à côté de Rosalie.

Mon cœur s’arrêta un instant et repartit en battant la chamade. J’allais être assis à côté de la plus jolie fille de l’école, pour la première fois de ma scolarité. Elle n’était pas que belle, oh non. Rosalie était amusante aussi et jouait souvent avec nous, les garçons, contrairement aux autres filles que je trouvais un peu bizarres.

J’arrivai le premier et m’installai fébrilement à mon bureau.

- Bonjour Arthur, me lança une petite voix fluette dans mon dos.

- Bon… bonjour Rosalie, bégayai-je, en me retournant.

Rosalie me regarda avec un sourire radieux. Elle était très belle dans sa robe blanche à pois bleus, qui faisait ressortir ses jolis yeux bleu ciel.

- Je suis contente d’être ta voisine, m’annonça-t-elle, en ouvrant son cartable. C’est la première fois qu’on va être à côté, je crois.

J’acquiesçai d’un léger hochement de tête, et l’observai s’installer. J’adorais admirer sa grande chevelure dorée, légèrement bouclée, virevolter au gré de ses mouvements. Mais, un détail me sauta aux yeux.

- Tiens, c’est quoi ce bleu que tu as sur le bras ? questionnai-je.

- Ah ça, ce n’est rien, me dit-elle en le cachant avec sa main. Je suis tombée sur les jeux de mon petit frère.

- Mince, pas trop douloureux ?

- Non ça va, mais n’en parlons plus, conclut-elle.

La cloche retentit et madame Lucie salua les derniers parents restés à la porte et la ferma. La matinée passa rapidement. La maîtresse nous présenta les consignes du fonctionnement de la classe, ainsi que le programme de l’année.

Le midi, à la cantine, le chef cuisinier avait fait des frites, alors c’était la fête.

- Pendant les vacances, je suis parti en Corse, avec ma famille. C’était génial, raconta Gabin entre deux bouchées. Et toi Arthur, tu es parti où ?

- Tu sais très bien qu’on ne part pas en vacances l’été, répondis-je. C’est la pleine saison au restaurant. Alors, j’ai passé un mois à aider mes parents et l’autre chez mes grands-parents.

- Ah oui, j’avais oublié, dit-il sur un ton d’excuse. En tout cas, tu as de la chance cette année, tu es à côté de Rosalie. Ton amoureuse, non ? ajouta-t-il avec un rictus moqueur.

- Arrête-ça, en plus ce n’est pas mon amoureuse, rétorquai-je en essayant de rester le plus calme possible.

- Menteur, tu deviens tout rouge, lança Clément amusé.

- Oh le menteur ! Il est amoureux, se mirent-ils à chanter tous les deux.

- Taisez-vous ! ordonnai-je, ne voulant pas que la table des filles entende mes deux amis.

Malheureusement, elles avaient toutes cessé de parler et nous regardaient, surprises. Puis, quelques gloussements se firent entendre. Ne sachant plus où me mettre, je baissais la tête, n’osant plus quitter des yeux mon assiette, les joues en feu. A mon grand soulagement, l’après-midi se passa normalement jusqu’à la sortie de classe, ma voisine faisant comme s’il ne s’était rien passé au cours du repas. Je lui en fus très reconnaissant.

Chapitre 2

Le mercredi qui suivit la rentrée, ma mère m’emmena au judo que je pratiquais depuis mes quatre ans. La voiture s’arrêta au bout de notre rue et je descendis sonner chez Rosalie.

C’était une petite maison de bourg bien entretenue avec un petit jardin. Nous venions souvent ici, avant que les parents de ma copine ne divorcent. Nos deux papas se connaissaient depuis la maternelle. Ils étaient amis et s’entendaient comme larrons en foire. Mais la maman de Rosalie ne supportait plus les absences prolongées de son mari militaire. Alors, il partit vivre dans le sud de la France chez ses parents, le temps de trouver une solution pour se rapprocher de sa fille. Rosalie et sa maman, Eloïse, restèrent dans la maison, en attendant le divorce. Bertrand, le papa revenait voir sa fille à chaque retour de mission.

Plusieurs mois après leur séparation, sa maman avait rencontré un autre amoureux. Ils décidèrent alors de garder la maison et Cédric, le nouveau compagnon, racheta la part du papa de Rosalie. Depuis, mes parents n’étaient jamais revenus. Je crois que mon père et Cédric ne s’appréciaient pas beaucoup.

Je montai les petites marches à l’entrée et sonnai à la porte. Le beau-père de mon amie ouvrit et m’accueillit froidement.

- B’jour Arthur. Ta copine s’est cognée contre le coin d’une porte, grogna-t-il. Ce n’est pas possible d’être aussi maladroite j’te jure. Rosalie ! Ton copain est là, cria-t-il dans les escaliers.

Un long silence se fit, puis j’entendis des pas dans les escaliers. Rosalie avait les yeux rougis et une belle bosse sur le front. Elle me salua timidement et enfila son manteau rouge sur son kimono. Elle sortit sans se retourner et se dirigea vers la voiture sans un mot.

- C’est ça à tout à l’heure, bougonna-t-il à l’attention de sa belle-fille.

- Au revoir monsieur.

- A bientôt. Au moins, toi tu es poli mon garçon, conclut-il avant de refermer la porte.

Je courus ouvrir la porte à ma camarade et nous nous installâmes à l’arrière. Ma mère comprit tout de suite que quelque chose n’allait pas. Ça doit être « l’instinct maternel », comme diraient les grandes personnes.

- Tu vas bien Rosalie, s’inquiéta Sophie, ma maman.

- Je me suis cognée la tête contre une porte, sanglota-t-elle. Maman a mis de la crème, ça devrait passer. Merci.

- D’accord. Sinon, tout va bien à la maison avec l’arrivée de ton petit frère ? demanda la conductrice.

- C’est un peu compliqué car il ne dort pas très bien la nuit, répondit la fillette. Alors maman est très fatiguée et n’a plus beaucoup de temps pour moi.

- Si tu veux, tu peux venir à la maison un samedi après-midi, proposa ma mère. Comme ça, tu passeras un peu de temps avec nous.

- Merci, c’est gentil Sophie. Je demanderai à mes parents.

La fin du trajet se déroula en silence, et maman nous déposa devant la nouvelle salle multisport.

- A tout à l’heure les enfants, amusez-vous bien, lança-t-elle avant que je referme la portière.

Notre professeur de Judo s’appelait David, c’était un jeune homme bien bâti et plutôt patient avec ses élèves. De toute façon, il était si impressionnant que personne n’osait faire de bêtises. Nous commencions chaque cours par des échauffements et ensuite nous réalisions des séries d’exercices. Ce jour-là, il nous apprit comment travailler son adversaire au sol. Nous devions nous mettre par deux. L’un devait se positionner à quatre pattes au sol et l’autre devait essayer de le faire basculer sur le dos. C’était à mon tour de tenter de retourner Rosalie. Rapidement, j’arrivai à saisir le col de son kimono et je réussis à l’amener sur le dos.

- Je t’ai eu ! fanfaronnai-je. Mais qu’est…

- Ce n’est rien, me coupa-t-elle en remettant correctement son t-shirt sous sa veste, pour cacher un gros bleu sur son torse. Je suis tombée de vélo hier.

- Tout va bien, les deux pipelettes ? nous coupa David, de sa grosse voix.

- Oui monsieur, j’attendais juste que ma partenaire remette correctement sa tenue.

- D’accord, répondit-il d’un ton suspicieux. Allez, remettez-vous au travail !

Nous terminâmes le cours par un combat. Ce jour-là, j’affrontai un garçon qui s’appelait Maxime et qui était bien plus costaud que moi. Mon adversaire me fit tomber dix fois de suite au sol alors j’étais soulagé quand notre professeur annonça la fin de la séance.

Sur le trajet du retour, mon papa nous donna à chacun un savoureux gâteau au chocolat, dont lui seul avait le secret. Il nous raconta plein de blagues et l’humeur était au fou rire quand la voiture se stoppa devant la petite maison de Rosalie. Le sourire de ma copine s’effaça rapidement et son visage s’assombrit. Elle remercia mon père et nous dit au revoir. Je la regardais marcher jusqu’à la porte d’entrée et disparaître à l’intérieur. Elle avait vraiment de magnifiques cheveux.

- Papa, tu crois qu’on peut être maladroit au point de se cogner régulièrement, demandai-je à mon père.

- Je ne sais pas, admit-il. Mais, il est vrai que certaines personnes sont particulièrement malchanceuses. Pense à ta tante qui n’arrête pas de se faire abîmer sa voiture, dit-il en rigolant. Mais pourquoi cette question ?

- Pour rien, comme ça.

Il m’arrivait parfois de mentir à mes parents…